mercredi 31 octobre 2018

Le village aux huit tombes

- Dis-moi, Norichan, tu n'as pas entendu dire que quelqu'un avait été blessé au doigt ?


ps :traduit par Ryôji Nakamura et René de Ceccaty

lundi 29 octobre 2018

Pauvre chose

- Parce que si tu m'aimes, paraît-il, faut le faire un peu mieux que ça !




ps: traduit par Patrick Honnoré.

dimanche 28 octobre 2018

Sur l'amour et la mort

Nous nous permettrons néanmoins de remarquer que - succès ou non - les trois résurrections opérées par Jésus de Nazareth et rapportées par les évangiles sont loin d'égaler l'audace et la puissance poétique ou mythologique de l'exploit grandiose et malheureux d'Orphée de Thrace.

dans le match de ceux qui n'acceptent pas la mort : Orphée vainqueur !
ps : traduit par Bernard Lortholary.

Le dit du Genji (tome 1)


ps : introduction et traduction de René Sieffert.

Le Genji monogatari (récit du Genji) est attribué à Dame Murasaki, qui a aussi laissé un Journal, journal qui mentionne l'existence de ce roman. C'était une Dame de la Cour du Japon de l'an mil qui fut au service d'une jeune impératrice pendant près de dix ans. Ce sont les personnages côtoyés qui lui serviront de modèles. Elle serait morte vers 1014, à peine âgée de 40 ans, les traces sont insuffisantes pour être précis.

Le personnage principal est un fils d'empereur, homme au multiples talents et d'une grande beauté, écarté de la succession du trône et qui devient un Genji, ancêtre d'un clan de sujets. Cela lui permet de faire une carrière politique. Ce que ne peuvent faire les princes du sang.
Genji n'est pas un nom, mais un titre honorifique.
Le livre est constitué de deux romans, le premier constitue une biographie complète de la naissance à la mort du Genji ; le second est consacré à son fils, Kaoru.

Le premier volume que je viens de lire est consacré à la jeunesse et à la maturité du Genji. C'est un homme d'une grande beauté, ayant de multiples talents. C'est un séducteur, et le livre nous conte ses aventures galantes.

1- J'avoue j'en ai bavé. Non pas parce que le livre est ennuyeux mais il m'a fallu me déshabituer de la littérature du XX° pour celle-ci du X° siècle. Style, langage, image, symbole etc pas facile pour moi de bien saisir ce qui se joue. Notamment le sens des wakas (poèmes) qui abondent dans tous le texte et que s'envoient les protagonistes pour si dire bien des choses, se déclarer, faire des reproches etc...
J'ai traversé quelques tunnels mais la lecture de ce roman est une expérience intéressante.
2 – On me l'a toujours conseillé et c'est ce que j'ai fait : j'ai lu l'introduction écrite par René Sieffert...
3 – que je cite "ce qui importe, ce n'est pas une « histoire », à peu près inexistante du reste, mais un climat, une atmosphère, un état d'âme, le parfum d'un prunier en fleurs ou les accords d'une cithare".
4 – Il faut considérer que j'ai fait une première lecture comme on dit qu'on a écrit un premier jet. Un deuxième passage n'en sera que plus appréciable, agréable...
5 – Petit conseil : reportez vous à la page wikipédia qui dresse une liste des personnages. Ils sont nombreux et désignés par leur titre. Et comme ils font carrière, ils changent de titre ! C'est très très utile car j'ai mainte fois été perdu : de qui parle-t-on? Qui est ce personnage ? 

jeudi 25 octobre 2018

La pierre et le sabre

Le sabre est mon refuge.


ps : traduit par Léo Dilé.
C'est la figure de Miyamoto Musashi qui est évoqué dans ce roman 
(il y a deux tomes - La pierre et le sabre, et La parfaite lumière ;
 je m'attaquerai au second plus tard...).
Ce n'est pas une biographie mais un roman d'aventures, mais aussi un récit d'initiation et une histoire d'amour. Fluidité du récit - Eiji Yoshikawa est un grand conteur -, nombreux personnages, les 850 pages (de la version poche) valent amplement le temps mis à lire l'ouvrage.

lundi 8 octobre 2018

Toyotomi Hideyoshi, le rêve du singe

Le Singe s'inclina une nouvelle fois et, quand il releva la tête, le grand sourire habituel éclairait son visage.





J'ai pris plus de plaisir à lire ce livre consacré au même personnage, que celui de Shiba Ryôtarô, Hideyoshi seigneur singe.

Ci-dessous CR de lecture que j'ai mis sur le site de Babelio :  

Toyotomi Hideyoshi est une figure historique du Japon du XVI° siècle, et c'est lui le sujet de ce roman fort agréable à lire.
Charles-Pierre Serain est un spécialiste du Japon médiéval et de ses guerriers. C'est d'ailleurs l'une des réussites du roman que d'intégrer sans lourdeur ou surenchère cette érudition (vocabulaire des samouraïs ou des codes de la cour). le livre est donc rempli de samouraïs, de châteaux à conquérir, de scènes de batailles, mais... mais, il n'est pas que çà, car l'auteur sait alterner les scènes guerrières, les scènes intimes ou politiques, et nous permettre ainsi de croiser de nombreux personnages (dont quelques femmes dans cet univers d'hommes, une épouse, une concubine), d'être dans l'intimité d'un couple, avec un état-major lors d'une bataille, avec un seigneur et ses vassaux… soit différents angles pour saisir un personnage dont il fait le portrait.
Second volet d'une trilogie consacrée aux unificateurs du Japon, à la charnière des XVI° et XVII° siècles, Toyotomi Hideyoshi, a pour sujet, un personnage historique (1537-1598), simple soldat, venu d'un milieu très humble, qui gravira les échelons jusqu'à devenir général puis, kanpaku pour régner sur le Japon. Hideyoshi est l'une des figures légendaires de l'histoire japonaise et de nombreux ouvrages lui ont été consacré. D'ailleurs, de son vivant, Hideyoshi fit rédiger sa propre histoire, construisant ainsi sa propre légende.
De part ses origines modestes, Hideyoshi ne pouvait prétendre au titre de shôgun, mais qu'importe ce titre, celui de kanpaku autrement dit « régent », lui fut bien donné par l'empereur et lui permettra d'exercer dans les faits le pouvoir.
La période où Charles-Pierre Serain inscrit son histoire est une période de guerres quasi constantes, sorte de guerre de cent ans japonaise, où les seigneurs se font la guerre… parce qu'ils ne semblent pas savoir quoi faire d'autre ! Cette période se terminera par la prise de pouvoir de Tokugawa Ieyasu et ouvrira la période dite d'Edo qui court jusqu'en 1868. C'est dire son importance. Mais c'est une autre histoire, celle de Tokugawa, que l'auteur a prévu d'écrire pour conclure cette trilogie.
Ce roman biographique a pour sous-titre, le rêve du Singe.
Hideyoshi qui ne s'appelle encore à l'époque que Tokichirô, est un homme au physique ingrat, petit, au visage laid mais en même temps si drôle, que le seigneur Oda Nobunaga (à qui est consacré le premier volet de la trilogie) qui le prend à son service en 1557, lui donnera ce surnom de Singe. le livre s'ouvre sur leur rencontre où l'on voit déjà à l'oeuvre la malice et l'intelligence de ce petit homme au sourire désarmant, au ton direct.
Charles-Pierre Serain fait le portrait d'un homme tout dévoué à son maître (jusqu'à la mort de ce dernier) et à sa tâche. C'est un personnage hors du commun : culotté, drôle et inattendu, sachant gagner le coeur de ses soldats et de ses serviteurs parce qu'il les respecte : « Comme à son habitude, Tokichirô, qui aurait pu punir les ouvriers pour leur erreur, avait au contraire choisi de les féliciter pour leur travail, passant sous silence toute critique. le sourire qui apparut sur les visages de tous ces hommes sales et fatigués montrait leur reconnaissance envers un chef qui ne les menaçait pas. » D'origine modeste, il n'est pas hautain comme le sont tous les samouraïs issus de la noblesse. Son intelligence fait de lui un stratège militaire, mais surtout un fin politique, ayant toujours plusieurs coups d'avance : « … la meilleure protection contre les humeurs de son maître n'était pas la défensive, mais l'offensive en mêlant, comme il le faisait lui-même, un peu de provocation et pas mal d'humour. Akechi venait d'une ligne de guerriers à l'éducation assez formelle, alors que lui venait du monde paysan où la ruse était nécessaire pour survivre. » C'est aussi un homme sensible touché par la mort des hommes qui l'entoure.
Le rêve, c'est celui d'un Japon unifié où la paix enfin régnerait. En 1582, quand son maître est assassiné, Hideyoshi décide de continuer le rêve de ce dernier et de consacrer son énergie à l'unification du pays. Cette tâche est quasi obsessionnelle : « Le principal ennemi de notre maître, c'est le temps. Il vieillit et il comprend que les années lui sont comptées pour accomplir son deuxième rêve, comme il le dit lui-même. » Car il veut que cette unification soit pérenne. D'où la conquête de la Corée qu'il organise pour « occuper » les guerriers ; d'où son désir de paternité pour assurer sa succession. Y parviendra-t-il ?
« Le pouvoir est maudit » écrira trois siècles plus tard Louise Michel.
Hideyoshi venge la mort de son maître Nobunaga, puis devient quelques mois plus tard l'homme fort du Japon. Mais ce pouvoir va le changer, et Charles-Pierre Serain le décrit bien : l'obsession d'avoir un héritier, la crainte de voir son rêve disparaître, la sénilité le transforment. Il devient colérique, cruel, émotionnellement de plus en plus faible comme si depuis qu'il était devenu kanpaku, plus rien ne semble aller comme il le souhaite… : « … il se rendit compte qu'il avait définitivement perdu cette légendaire aptitude politique qui l'avait mené jusqu'à la tête du pays. Avec l'âge, ses émotions prenaient dorénavant le pas sur ses raisonnements, et il s'apercevait qu'il commençait à se comporter comme un vieillard capricieux. »
Autre point fort du livre, il y a autour d'Hideyoshi des personnages secondaires, notamment son épouse, Néné, à qui il sera attaché jusqu'au bout, femme brillante et déterminée ; ou son conseiller, Mitsunari ; ses frères d'armes. Mais on croisera aussi d'autres figures historiques, Sen no Rikyū, maître de thé ; Luis Frois, prêtre jésuite (Hideyoshi est le premier à combattre le christianisme au Japon).
Ce roman biographique est très intéressant à lire pour celles et ceux qui s'intéressent à l'histoire du Japon, tout comme celles et ceux qui s'intéressent aux hommes d'exception conquérant le pouvoir.