Le problème de la discrimination des burakumin met à jour un mal profond de la société japonaise : les mentalités y évoluent moins vite que la technologie ou l'industrie.
Après les ouvrages de Satoshi Kamata, André L'Hénoret et de Rey Ventura je poursuis mon "étude" d'un Japon mal connu, celui de l'exploitation capitaliste, de la discrimination.
Voici quelques notes.
Le livre permet de saisir les influences respectives et mélangées de la
pensée shintoïste et bouddhiste. Ainsi selon la première citée,
par exemple, tout individu confrontée à la mort, la maladie, la vue
du sang, la naissance, les mauvais rêves ou les pensées négatives,
était considéré comme souillé, puis contraint à l’isolement et
aux rites de purification. La pensée bouddhiste en prêchant la
pitié pour toutes les créatures vivantes a aussi joué un rôle
dans l’exclusion des burakumin.
La façade c’est
l’homogénéité, l’unicité du peuple japonais. On ne parle pas
de classes sociales, d’exploitation, mais d’harmonie, d’esprit
d’entreprise.
La réalité est
bien sût plus complexe, plus variée.
La structure
économico-sociale explique bien des choses : d’une
part, l’existence d’une pyramide d’entreprises en
sous-traitance, où la sécurité de l’emploi diminue si on
s’éloigne de l’entreprise qui commercialise le produit fini.
D’autre part une forte propension de japonais-es ayant besoin de
salaires d’appoint et qui accomplissent des tâches mal payées.
Les burakumin discriminés au moment de l’emploi et du mariage, ne
connaissent pas l’ascenseur social et sont donc tout indiqués pour
occuper – et rester dans - ces emplois des bas-fonds économiques
et sociaux.
Mais l’ouvrage
montre bien que le mépris, la la mise à l’écart ne trouvent pas
leur origine dans la volonté d’exploiter économiquement un
groupe. C’est ce que va étudier dans la seconde partie de
l’ouvrage qui porte pour titre : archéologie de la souillure. (la
1ère partie est plus historique et s’appelle : les oubliés
de l’histoire)
« Quelque
chose de bizarre dans la manière de penses des japonais » :
une société prisonnière de ses habitudes de pensées séculaires.
Si les burakumin
peuvent être vu comme des marginaux ils le sont par état et non par
choix !
Ce sont donc des
exclus. Comme les étrangers intérieurs (aïnous) ou extérieurs
(coréens) ; or eux sont pourtant des japonais à part entière…
Leur exclusion
s’apparente aux systèmes des castes à l’indienne (séparation,
division du travail, hiérarchisation sociale).
Le pur et l’impur.
La discrimination prend donc son origine dans les représentations
collectives nippones des croyances sur la pureté et l’impureté.
Les burakumin sont
tout en bas, au sens de l’estime, du statut, de l’idée que les
japonais se font les uns des autres, de la société. Ils ont pour
fonction de purifier la société en prenant sur eux le péché et la
souillure de celle-ci. La cause principale semble le
shinto car au cœur même de son articulation est l’opposition du
couple pur/impur, et en particulier l’idée qui veut faire des
japonais un peuple unique et homogène.
Comme dans beaucoup
de cultures les manquements à la règle, bref tous les éléments
porteurs d’altérité entraîne l’exclusion, parce que
implicitement c’est la structure, la hiérarchie qui est menacée.
Sa place est en-dehors, à l’écart. La pensée japonaise est
caractérisée par une tendance très nette à la classification, la
hiérarchie, la constitution de groupes qui ont entre eux des
rapports, essentiellement d’hostilité, ou du moins de rivalité.
Seule une mutation des valeurs générales (notamment le
système des iemoto) qui ont produit cette pensée de la
discrimination pourra éliminer celle-ci.
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